Retour sur Terre des deux astronautes américains après plus de neuf mois coincés dans l’ISS
- 19/03/2025
Film le plus attendu du festival, “Mickey 17” est une satire aussi réussie que foutraque sur notre époque, portée par un Robert Pattinson génial en toyboy jetable.
Après une soirée d’ouverture marquée par le discours engagé de Tilda Swinton profitant de l’ours d’honneur qui lui était décerné pour dénoncer “la complaisance inacceptable de nos gouvernements avides qui font la paix avec les destructeurs de planète et les criminels de guerre, d’où qu’ils viennent”, la première Berlinale de l’ère Tricia Tuttle (la nouvelle directrice du festival succède ainsi au regretté Carlo Chatrian) connaît un premier week-end marqué par la projection de Mickey 17 de Bong Joon-ho, sans doute le film le plus attendu de cette édition 2025.
Adaptation du roman éponyme d’Edward Ashton et rappelant par moment Moon de Duncan Jones (2009), le film de SF met en scène Robert Pattinson dans le rôle de Mickey, un “expendable”,
un être humain consommable, dont le corps peut être réimprimé à volonté
et la mémoire sauvegardée afin de servir les intérêts d’une colonie
spatiale partie s’installer sur une planète extra-terrestre. Tests
scientifiques dans le but d’élaborer un vaccin, premier contact avec les
extraterrestres ou périlleuse mission de réparation de la navette, les
usages de Mickey sont multiples et indispensables à la réalisation du
grand projet du capitaine du vaisseau, l’entrepreneur proto-fasciste
Kenneth Marshall (Mark Ruffalo) : coloniser une nouvelle planète selon
des principes qui apparaissent rapidement eugénistes.
Au moment où débute le film, Mickey 17, la dix-septième version du personnage, échappe de justesse à une énième mort et se retrouve en face de son successeur, Mickey 18. S’ensuit une intrigue foutraque à base de trouple amoureux – Mickey 17 et 18 partageant le lit de Nasha (excellente Naomi Ackie), tandis que Kai (Anamaria Vartolomei, très à l’aise pour ses débuts à Hollywood), aimerait bien s’y glisser aussi. A base aussi de maltraitance extra-terrestre et surtout du spectacle d’un capitalisme populiste et grand guignolesque incarné par un Mark Ruffalo assez génial dans cet évident décalque trumpien. Kenneth Marshall échappe d’ailleurs comme le Président des Etats-Unis à une tentative d’assassinat en plein meeting qui lui laisse un balafre ensanglantée sur la joue. Le parallèle entre les deux tentatives de meurtres est troublant, surtout quand on sait que le film a été tourné en 2022.
D’abord prévu pour mars 2024, le sortie de Mickey 17 a été décalée de presque un an, officiellement à cause des grèves qui ont paralysé Hollywood en 2023 et qui auraient impacté sa post-production. Mais depuis cette annonce, la rumeur dit que le délai viendrait plutôt d’un désaccord entre la Warner Bros et le cinéaste coréen au sujet du montage. D’un côté, le studio aurait reproché à la première version de n’être pas assez accessible dans l’optique de rentabiliser les 150 millions de dollars investis. De l’autre, Bong Joon-ho aurait bataillé pour garder le final cut qui lui était contractuellement garanti. Le risque étant que ce duel soit finalement préjudiciable au montage finale du film. Mais Mickey 17 est loin d’être le fiasco que certains prédisaient.
Il en ressort une oeuvre qui a par moment la consistance d’un chewing-gum trop mâché mais dont la satire politique et le chaos latent entre en parfaite résonance avec notre époque. Amusant de bout en bout, Mickey 17 prolonge à la fois la critique sociale de Parasite avec sa mini-société de classe (le vaisseau spatial a remplacé la maison), la pensée antispéciste d’Okja et l’empathie pour les monstres de The Host. Dans ce double emploi de toy boy, Robert Pattinson excelle et reprend un rôle qu’il avait déjà dans Batman, High Life, Good Time et Cosmopolis : celui d’un anti-héros qui traverse un monde en train de s’effondrer, le nôtre.
Source : LesInRocks